Optimiser le Diagnostic des Traumatismes de la Cheville : Règles d’Ottawa et Bernoises - Quelle Approche pour les Ostéopathes ?

Brice JACQUIAU - Ostéopathe à Mulhouse (Haut-Rhin)

Entorses de cheville : comment les ostéopathes peuvent-ils affiner leur diagnostic ?

Avec l’augmentation du nombre de patients qui consultent directement les ostéopathes en première intention, il devient essentiel d’affiner nos compétences diagnostiques pour les traumatismes de la cheville. Bien que les règles d’Ottawa soient largement utilisées dans les services d’urgences pour leur haute sensibilité, elles manquent de spécificité. Cela conduit souvent à des radiographies inutiles. 

Les règles  bernoises, développées par Stefan Eggli et ses collègues, offrent un complément précis pour évaluer les fractures après un traumatisme de faible énergie, notamment de type supination. Elles sont particulièrement utiles dans notre pratique, les patients viennent de plus en plus directement nous consulter face à l’encombrement des services d’urgences et des cabinets médicaux.

Pourquoi Choisir les Règles Bernoises en Pratique Clinique ?

La spécificité élevée des règles Bernoises est un atout majeur pour l’ostéopathe. Mais comment mettre en œuvre ces règles au quotidien ? L’examen clinique est la clé de voûte de cette approche.
 

1. Contrainte indirecte sur la fibula :

La pince malléolaire est comprimée à environ 10 cm de la pointe du péroné, en évitant la palpation directe de la région lésée. La compression est exécutée en utilisant le plat de la main pour répartir la force appliquée sur une plus grande surface.

2. Contrainte directe sur la malléole interne

Le pouce est pressé à plat sur la malléole médiale. La palpation directe à l’aide de la pointe du pouce est évitée.

Contrainte de compression du médio-pied et de l'arrière-pied

Une main fixe le calcanéum en position neutre et l’autre main applique une charge sagittale sur l’avant-pied, de sorte que le médio-pied et l’arrière-pied sont comprimés.

Pourquoi ces manœuvres sont-elles importantes ?

En ciblant spécifiquement les zones à risque de fracture, ces tests permettent d’affiner considérablement le diagnostic. La spécificité est de 91%.
La présence de douleur lors de ces manœuvres oriente vers une fracture aiguë. Cette approche est particulièrement utile dans le contexte de l’ostéopathie où les patients se présentent souvent rapidement après le traumatisme, avant même de réaliser des radiographies.

Les auteurs de l’étude recommandent de faire réaliser une tomodensitométrie (TDM) si le patient ressent une douleur lors de l’une de ces manœuvres.

Conclusion

Les règles bernoises de la cheville offrent aux ostéopathes un outil diagnostique précis et efficace pour évaluer les traumatismes de la cheville en complément des règles d’OTTAWA. 
Ces techniques d’examen clinique sont essentielles pour assurer la sécurité de vos patients en permettant une identification rapide et précise des lésions, évitant ainsi les complications liées à un diagnostic erroné.

Références

The Bernese Ankle Rules: A Fast, Reliable Test after Low-Energy, Supination-Type Malleolar and Midfoot Trauma  ; Stefan Eggli, MD, Guido M. Sclabas, MD, Simone Eggli, MD, Heinz Zimmermann, MD, and Aristomenis K. Exadaktylos, MD ; 2005 ; The Journal of TRAUMA Injury, Infection, and Critical Care ; Lippincott Williams & Wilkins, Inc.

AFABO, Béziers, France